Jeu de Paume : les 3 nouvelles expos à ne pas manquer
Le centre d'art dédié à l'image contemporaine ouvre une nouvelle saison d'expositions avec trois artistes — Philippe Halsman, Omer Fast et Nguyen Trinh Thi — qui offrent une lecture multiple de la photographie et de l'esthétique cinématographique. Une triade séduisante qui investit le Jeu de Paume pour l'hiver.
Philipe Halsman : Étonnez-moi !
On le surnomme « l'homme aux cent une couvertures » de Life. Philippe Halsman (1906-1979) entame sa carrière de photographe à Paris dans les années 30, en collaborant avec la presse magazine. De la mode au portrait, du reportage à la publicité, son travail rassemble une série d'expérimentations autour du portrait : il se joue des cadrages, use de la lumière et invente la « jumpology » qu'il n'hésite pas à imposer à Marilyn Monroe et Salvador Dalí. « Le travail d'Halsman met aussi en évidence l'influence du Surréalisme : il reprend ses codes pour créer des images percutantes aussi bien pour la publicité que pour les magazines, mais également dans les affiches d'exposition », éclaire la curatrice, Anne Lacoste. De ses débuts parisiens au succès de son studio à New York dans les années 50, Philippe Halsman s'expose au Jeu de Paume à travers son amour pour la mise en scène ; il immortalise d'ailleurs bon nombre de personnalités du cinéma comme Hitchcock, Cocteau ou encore Fernandel, soulignant ainsi son éternelle passion pour la fiction.

Sélection de couvertures du magazine Life par Philippe Halsman, 1942-1970, photogravure, musée de l'Élysée.
Omer Fast : Le présent continue
Né à Jérusalem, ayant grandi aux États-Unis et désormais installé à Berlin, Omer Fast est depuis toujours au carrefour des cultures, des langues et des civilisations. De cette expérience personnelle, qu'il transpose dans un œuvre essentiellement fondé sur l'image en mouvement, l'artiste affirme avec Le présent continue une complexité narrative entre le réel et la représentation. À la croisée du documentaire et de l'invention, le Jeu de Paume lui attribue quatre projections qui mettent en lumière une grammaire cinématographique interrogeant les codes sociétaux : individualisme, collectivité, histoire et médiatisation. Entre vidéo et installation, l'exposition d'Omer Fast inaugure un renouveau filmique qui a déjà été récompensé par la Nationalgalerie de Berlin, en 2009.

Continuity (Diptych) [Continuité (Diptyque)], 2012-2015, Omer Fast, Vidéo HD, couleur, son, 77'. © Omer Fast
Nguyen Trinh Thi : Lettres de Panduranga
S'il réside une figure transversale parmi les nouvelles expositions du Jeu de Paume, Nguyen Trinh Thi est sans nul doute une cinéaste-plasticienne qui manifeste un pertinent essai expérimental avec Lettres de Panduranga. Commandé par le Jeu de Paume dans le cadre de la programmation Satellite 8, le film rappelle l'essence photojournalistique de la Vietnamienne. Proche du documentaire mais questionnant l'incertitude, elle tisse une représentation multiple de l'ethnie cham, installée sur une terre ancestrale. Une épopée visuelle à différentes échelles qui nous fait circuler de paysages asiatiques en portraits sacrés.

Letters from Panduranga, 2015, Ngyuen Trinh Thi, Coproduction : Jeu de Paume, Paris, Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques et CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux, avec le soutien du Cultural Development and Exchange Fund. Courtesy de l'artiste. © Ngyuen Trinh Thi, 2015
Les expositions Philipe Halsman : Étonnez-moi !, Omer Fast : Le présent continue et Nguyen Trinh Thi : Lettres de Panduranga sont présentées du 20 octobre 2015 au 24 janvier 2016 au Jeu de Paume, 1 place de la Concorde, 75008 Paris. Ouverture le mardi de 11h à 21h et du mercredi au dimanche de 11h à 19h. Tarif : 10€.